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 Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort

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neodeus

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MessageSujet: Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort   Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort Icon_minitimeLun 8 Juin - 15:13

- Prologue

- Chapitre I : La nouvelle ville
*partie 1
*partie 2


Dernière édition par neodeus le Ven 19 Juin - 15:17, édité 2 fois
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neodeus

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MessageSujet: Prologue   Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort Icon_minitimeLun 8 Juin - 15:14

Ce matin là était pluvieux. Il est assez rare qu'il pleuve dans notre contrée. Un son de clochette retentit dans ma boutique, vide. Quelqu'un venait d'entrer. J'ai une activité paradoxale, qui fait que je n'aime pas avoir de clients, et les personnes qui viennent me voir le matin ne cherchent généralement pas la discute. Le temps semblait lui même endeuillé, et, bien que je l'espérais, je n'attendais pas vraiment de bonne nouvelle de la bouche de mon visiteur. Qui s'était donc chargé de venir m'annoncer la nouvelle ?

Je me dirigeai dans la pièce principale. Nadge se tenait adossée à la porte, trempée. Des gouttes de pluies ruisselaient sur son visage, malgré la piètre protection qu'avait pu offrir son chapeau à rebords larges.« Je suppose que tu ne veux rien boire ? », lui demandais-je, d'un ton compatissant. Elle me répondit non, simplement en agitant légèrement la tête. « De qui s'agit-il ?
- Madame TUDY... » me répondit-elle dans un sanglot étouffé. En dépit de son nom qui effrayait les hors-la-loi à des kilomètres à la ronde et son attitude austère, son regard puissant qui pouvait faire tomber en larmes la brute la plus violente de tout l'ouest, elle n'en restait pas moins une femme, qui fut avant cela même une simple fillette, à l'enfance tourmentée. Je compris à cet instant que ce que j'avais prit pour des gouttes de pluies sur son visage étaient en fait des larmes, pleines d'amertume et de tristesse.

Le silence régnait maintenant dans la pièce. Lorsque l'on vit dans une petite ville comme la notre, le silence suffit dans ces moments là. Tout le monde se connait, et perdre un habitant et quelque part comme perdre un membre de sa famille. Surtout lorsque beaucoup d'entre nous ont déjà perdu la plupart de leur famille. Surtout lorsque vous considériez la personne décédée comme votre propre mère.

Nadge ne put se retenir d'avantage et s'effondra en larme sur mes épaules : « Pourquoi a-t'il fallu que ce soit elle ? Pourquoi ? POURQUOI ? ». Elle savait que réagir ainsi n'avait pas de sens, que cela ne ramènerait pas les défunts à la vie, et surtout qu'il n'aurait pas été mieux que ce triste sort soit subit par quelqu'un d'autre. La défunte était âgée et malade. Elle ne sortait que très rarement de sa maison depuis quelques années déjà. Nous nous attendions tous à ce qu'un matin, quelqu'un vienne nous annoncer cette nouvelle. Et pourtant, même en étant préparé, même en sachant que c'était inévitable et que cela allait arriver bientôt, cela fait mal. Aussi, même si cela ne change rien de crier, de pleurer, cela fait du bien, de pouvoir se plaindre d'une réalité inévitable...

Je n'avais pas vu Nadge pleurer ainsi depuis des années. Peu sont ceux qui ont déjà été témoins de ce spectacle, et beaucoup paieraient pour le voir, mais croyez-moi, il n'est vraiment pas agréable à regarder... Après quelques minutes appuyée sur mon épaule, elle finit par se ressaisir et se dirigea vers la porte. La clochette retentit de nouveau, et Nadge me dit : « Nous t'attendons chez elle. », avant de passer le palier.

Je restai donc seule au milieu de ma boutique, à méditer sur la nouvelle que je venais d'apprendre, et ce qu'il fallait maintenant faire. J'ai déjà préparé beaucoup de personnes à rejoindre leur dernière demeure, et j'aurai certainement encore à le faire pendant nombre d'années. Ce n'est pas une tâche agréable, mais c'est mon métier. Madame TUDY avait joué un rôle important dans ma vie, aussi fallait-il que je lui rende un dernier hommage du mieux que je puisse.


Une nouvelle page de notre vie venait d'être tournée, une occasion de se remémorer tout le chemin parcouru jusque ici...
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neodeus

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MessageSujet: Chapitre I : La nouvelle ville - Partie 1   Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort Icon_minitimeMar 9 Juin - 11:07

« Howww !! » cria l'homme, tirant violemment sur les rennes de ses montures. Cela faisait trois jours qu'il voyageait, depuis New York, assis sur une charrette branlante, parmi les innombrables qui composait la caravane qui l'avait conduit jusque ici. Il était grand, portait une chemise à carreaux, un jean bleu et des bottes hautes. Sa tête était recouverte d'un chapeau large, protégeant du soleil, et il avait noué autour de son cou un foulard rouge, au cas où il aurait dû traverser un nuage de poussière. Sa peau était blanche, malgré les derniers jours passés en plein soleil. Il arborait une barbe hirsute de quelques jours. Il mit pieds à terre et fit le tour de la charrette. « Nous sommes arrivés, mes chéries. », dit-il en tendant une main à une belle jeune femme. Elle était vêtue d'une longue robe d'un blanc ivoire, et ses cheveux blonds étaient coiffés en chignon. Elle tenait dans sa main gauche une ombrelle assortie à sa robe. Elle prit délicatement la main tendue, sauta de la carriole et déposa rapidement un baiser sur les lèvres de l'homme. L'homme regarda à nouveau à l'intérieur de la charrette : « Mais ? Où est donc passé ma petite princesse ? Ah, la voilà ! ». Une petite fille apparut de derrière une caisse, en rigolant. Elle était elle aussi blonde, les cheveux frisés, et était habillée dans le même style que l'homme, laissant toutefois son chapeau pendre dans son dos. Elle s'avança jusqu'au bord, l'homme la prit dans ses bras, et l'embrassa rapidement avant de la reposer sur la terre. «  Papa, tu piques, et t'es tout mouillé, se plaignit la fillette.
- Désolé ma chérie. Depuis trois jours, je n'a pas vraiment eu le temps de m'occuper de ma barbe. Mais ça ira mieux tout-à-l'heure, quand nous seront installés dans notre nouvelle maison. Tu veux qu'on aille la voir ?
- Oh ouiiii ! » dit-elle en courant autour de son père.

Une silhouette sombre s'approchait maintenant de la caravane installée aux abords de la ville, dont les derniers arrivants commençaient à se dégourdir les jambes, ankylosés par le long voyage. C'était celle d'un homme bedonnant, portant de longues moustaches brunes, et vêtu de noir de la tête aux pieds, si ce n'est une étoile d'argent qui luisait sous se soleil de plomb, déposée au niveau de son cœur. « Des chercheurs d'or. » dit-il à mi-voix, pour lui même. L'homme l'entendit. Il s'approcha de lui et lui demanda : « Vous êtes le shérif Gravefield ?
- En effet, que puis-je pour vous ? Répondit le shérif d'un ton sec.
- Bonjour shérif. Je suis le docteur William Neodeus, répondit l'homme en tendant une main au shérif. Et voici ma femme Abigail et ma fille Judy, désignant la jeune femme et la fillette, qui regardaient le shérif avec curiosité.
- Oh, bonjour docteur, répliqua le shérif, saisissant la main tendue et la secouant chaleureusement. Mesdames, dit-il en jetant un regard à la femme et l'enfant, accompagnant ses paroles par un léger soubresaut de chapeau. Désolé pour l'accueil, on ne vous attendait pas si tôt, continua t'il en s'adressant de nouveau à l'homme. Vous avez fait bon voyage ?
- On ne peut pas vraiment dire que passer trois jours dans une charrette ballottée sous un soleil de plomb sans pouvoir se laver soit vraiment un moment de plaisir, surtout avec la petite, mais bon, nous n'avons eu ni attaque, ni tempête de sable, donc globalement ça s'est pas trop mal déroulé.
- Bah maintenant, tout ça c'est fini, répondit le shérif en donnant une tape amicale sur le bras du docteur. Venez, je vais vous montrer votre nouvelle maison ! ».

Le shérif monta sur son cheval, attaché un peu plus loin, à la lisière de la ville. Le docteur aida sa petite famille à remonter dans la carriole, puis donna un coup sur les rennes, afin de remettre son attelage en mouvement. Il suivit le destrier du shérif, un étalon à la robe noire de jais, qui se dirigeait vers le centre de la ville. Le shérif arrêta sa course devant un édifice de taille moyenne, à quelques mètres du saloon et de l'église, dont la façade était relativement atypique : une grande fenêtre laissait entrevoir l'intérieur d'une grande pièce ; elle était surplombée par un balcon, protégé par un garde-fou peint d'un blanc décrépi et soutenu par des colonnes de la même couleur ; quelques marches de bois à la peinture abimée permettaient d'accéder à la porte d'entrée, elle aussi peinte en blanc ; le reste du bâtiment était lui d'un vert vieillissant. Le docteur l'imita. Le shérif s'avança sur le perron et sortit de sa poche un trousseau de clefs, en inséra une dans la serrure de la porte d'entrée de la maison, et la tourna. Un léger clic retentit, et la porte s'ouvrit en grinçant a peine. « Voilà, dit-il, se décalant pour laisser libre l'accès à la porte, grande ouverte. Votre nouveau « chez-vous ». Ça sent un peu le renfermé, désolé, personne n'a vécu ici depuis quelques années.
- C'est plus que satisfaisant. », répondit le docteur.

Le shérif esquissa un large sourire. « Entrez donc, je vais vous faire visiter ! ». Le groupe entra dans le bâtiment. La porte ouvrait accès à un corridor assez étroit, couvert d'un papier peint à motifs, débouchant sur un escalier. Sur la paroi gauche était fixé un porte-manteau, où le shérif déposa son chapeau. Une porte ouverte était découpée dans la paroi droite. Le shérif s'introduit dans l'ouverture, arrivant dans une salle plutôt grande, meublée par quelques chaises disposées en cercle, autour d'une table basse. La salle était lumineuse, éclairée par la grande fenêtre qui donnait sur la rue. Le mur d'en face était vide et uni, n'ayant pour seule discontinuité que des formes géométriques sombres, qui laissait supposer qu'il fut un temps où il était recouvert de tableaux divers. Le dernier mur, quant à lui, permettait d'accéder à une autre pièce par une porte close. « Ici, c'est la salle d'attente. Ne vous inquiétez pas, il y a largement assez de chaises pour tout vos patients. A moins d'une épidémie, mais prions pour que ça n'arrive pas. A vrai dire, le docteur Healther, votre prédécesseur n'a jamais eu besoin de se servir de plus de deux d'entre elles.
- Pourquoi est-il parti, d'ailleurs ? »

Le shérif regarda le docteur, puis la femme et la fillette, qui se tenaient en retrait, avant de répondre : « Euh... Il a eu un léger différend avec un concitoyen... ». Il ouvrit la porte fermée. Elle donnait sur une sorte de sas, avec une autre porte en vis-à-vis, mais qui continuait sur la gauche comme un long couloir, bifurquant finalement sur la droite. « Ce couloir mène à l'extérieur, vous savez, pour pouvoir satisfaire ses besoins naturels... Nous arrivons à la salle des consultations. » dit le shérif en ouvrant la seconde porte. Cette nouvelle salle était relativement petite, contenant simplement un bureau trois chaises, un paravent et une table d'opération, ainsi qu'un long meuble. « En fait, ce meuble cache une citerne, permettant de stocker de l'eau pour les besoins du cabinet. Bien sûr, elle est actuellement vide. Je vous dit pas l'odeur si on avait laissé l'eau stagner ici pendant cinq ans... ». Le docteur s'avança seul dans la pièce, contemplant la vue offerte par la fenêtre ouverte dans le mur du fond. De là, on pouvait voir le terrain non bâti de la propriété, à mi-chemin entre une cour et un jardin. Un cabanon se trouvait tout au fond du terrain, à la limite de la clôture. Probablement ce qui servait à "se soulager". « Bon, je crois qu'on a fait le tour du rez-de-chaussée, on peut donc passer à l'étage. Si vous voulez bien me suivre... », et le shérif retourna à l'escalier de l'entrée. Il gravit péniblement les marches et arriva devant une porte une nouvelle fois close. Il chercha une clef sur le trousseau qu'il avait toujours en main, puis, une fois qu'il l'eut trouvée, ouvrit la porte. La nouvelle salle était grande, lumineuse, et communiquait avec trois autres salles beaucoup plus petites. « Tout à droite, vous avez la salle de bain, avec simplement une baignoire, un dispositif pour chauffer l'eau et l'évacuer, un miroir et un petit meuble. Les autres portes donnent sur des chambres. Elles contiennent chacune un lit double et une commode. La dernière porte donne sur un escalier descendant dans l'arrière-cour, pour que vous puissiez aller... Enfin, vous m'avez compris. Par là, il y a de quoi cuisiner, et vous avez une grande citerne d'eau dans le meuble, là. Je suis désolé, c'est certainement bien loin du confort que vous aviez à New York, mais c'est malheureusement le maximum que l'on puisse vous offrir.
- C'est déjà plus que nécessaire, merci infiniment. » répondit William en regardant Judy qui courait dans tout l'étage. « Je veux cette chambre ! S'exclama t-elle en ouvrant la seconde porte.
- D'accord, c'est maintenant la tienne. » répondit son père, la regardant maintenant sauter sur son nouveau lit.

« Je vais vous laisser vous installer. Voici les clefs : celle-ci pour l'entrée, celle-là pour celle en haut de l'escalier, et enfin cette dernière ouvre celle qui donne sur l'escalier, là-bas. Oh, venez donc manger à la maison, ce soir, cela nous laissera le temps de discuter un peu plus.
- Avec grand plaisir, shérif, répondit Abigail. Excuse-moi, William, je vais aller coucher Judy, elle est fatiguée.
- D'accord. Shérif, laissez-moi vous raccompagner jusqu'à la porte. » répondit William en suivant le shérif dans les escalier.
Le shérif attrapa son chapeau, et le posa sur sa tête. Il ouvrit la porte d'entrée et sortit. Il se retourna vers le docteur : « Donc, ce soir, vers 20h00 ? J'habite dans la maison à coté de mon bureau, celle à la façade bleue. Oh, et vous pouvez bien sûr amener la petite.
-C'est entendu shérif. À ce soir donc.
- Ah, et puis j'allais oublier : bienvenue à AMERICAN PEACE ! »
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MessageSujet: Chapitre I : La nouvelle ville - Partie 2   Un pas vers la tombe - Mémoires d'une croque-mort Icon_minitimeVen 19 Juin - 15:16

Le crépuscule venu, le couple du docteur descendit la grande rue de la ville, pour finalement arriver devant le bureau du shérif, d'où aucune lumière n'émanait. La maison de l'officier était effectivement adjacente, on y entrait par un petit escalier donnant sur une terrasse étroite. Là, le shérif attendait ses invités, fumant tranquillement un cigare en se balançant sur sa chaise à bascule. « Ah, mes amis ! Soyez les bienvenus, dis le shérif en les apercevant. Vous avez fini de vous installer ?
- Bonsoir, shérif. Oui, mais ça n'a pas été facile, il ne fallait pas réveiller la petite.
- Oui, je comprends. Bonsoir, Judy, Tu as bien dormi ? ». La fillette se contenta de répondre par un sourire timide. « Ahah, qu'elle est mignonne. Mais entrez donc, je vais vous présenter ma femme. ESTHER, le docteur est là. ». Une femme ronde, a peine plus jeune que le shérif, sortit d'une pièce au fond de la salle à manger. Elle portait une robe bleue ciel, recouverte par un tablier blanc maculé de légères taches de sang. « Ah, bonjour docteur.
- Je vous en prie, appelez-moi William.
- Eh bien, ravie de vous rencontrer, William ! Madame ?
- Abigail, enchantée, répondit la jeune femme en serrant courtoisement la main tendue.
- Oh, mais qui est cette petite princesse ? Demanda la femme du shérif en se courbant pour se rapprocher de la petite fille.
- Hihihi, je m'appelle Judy, et j'ai trois ans ?
- TROIS ANS ? Oh mais tu es déjà une grande alors. Ça tombe bien, j'ai justement besoin d'une grande fille comme toi pour m'aider a faire la cuisine. Tu veux bien m'aider ? » Dit la femme en présentant sa main ouverte à la fillette.
Judy l'attrapa et elles marchèrent toutes deux vers la salle d'où était sortie la femme quelques minutes plus tôt. Le shérif les regarda s'éloigner en ayant un un petit rire mélancolique qui n'échappa pas au docteur : « Votre femme a l'air d'aimer les enfants ?
- Oui, beaucoup. Elle prenait grand soin de notre fils quand il était petit.
- Vous avez un fils ?
- Oui, James, comme son père. Il voulait devenir shérif aussi. Ahah, le brave petit...
- Et que fait-il aujourd'hui ?
- Oh, malheureusement, plus grand chose, répondit le shérif, le visage sans expression. Il a été retrouvé mort il y a une dizaine d'années. Il avait a peine 15 ans. Il s'était engagé dans l'armée. Je lui avait dit qu'il était trop jeune, et que la guerre, c'était pas quelque chose de marrant, mais il ne m'a pas écouté. Trois mois après son engagement, il est parti en mission. Il n'en est jamais revenu... Nous avons emménagés ici peu de temps après, peut-être pour oublier et fuir tout ça.
- Oh, je suis désolé, s'exclama le docteur, confus.
- Bah, ne laissons pas des évènements vieux de 10 ans gâcher cette soirée. Allons, venez, qu'est-ce que je peux vous offrir à boire ? »
Et l'apéritif, ainsi que le repas, se passèrent dans la bonne humeur générale, meublés par les histoires bon enfant du shérif et les récits du docteur sur la belle vie à New York. Abigail raconta à Esther comment elle avait appris à coudre, et Esther lui donna quelques recettes locales de cuisine, après avoir été justement félicitée pour son rôti de biche. Même Judy semblait s'amuser, à regarder ces adultes si respectables rigoler comme des enfants. Le repas fini, Abigail prit congé, devant une fois encore s'occuper de la petite. Elle quitta l'assemblée en embrassant chaleureusement le shérif et sa femme, et repartit chez elle, la petite dans les bras. Esther était maintenant en train de débarrasser la table, en refusant catégoriquement l'aide du docteur : « Vous êtes invité, ce n'est pas à vous de faire ces choses là ! ». Aussi, le shérif invita son hôte à l'accompagner sur la terrasse.

Ils s'assirent tout deux dans les chaises à bascule qui se trouvaient là. Le shérif proposa un cigare au docteur, qui accepta volontiers. Ils fumaient maintenant tout les deux, regardant la rue vide, sous le ciel étoilé. « C'est une ville bien calme que vous avez là, shérif.
- Oh, vous savez, il n'y a pas grand monde pour mettre le bazar. Nous ne sommes pas nombreux, et nous nous connaissons tous très bien. Et puis, peu de gens viennent ici, si ce n'est les chercheurs d'or...
- Vous n'avez pas l'air de les apprécier ?
- Bah, ils viennent polluer nos rivières, restent a camper près de leur parcelle, et si un trouve quoi que ce soit, ça dégénère en bataille. Ils ne sont même pas bons pour les affaires. Ils restent généralement deux semaines, puis repartent les mains vides, laissant tout sens dessus-dessous. Et puis personne n'a jamais fait fortune par l'orpaillage dans ces rivières. Il y a que le vieux Nick qui espère toujours.
- Le vieux Nick ?
- Un vieux bougre qui est arrivé avec la première vague de chercheurs, il y a plus de 30 ans. Aujourd'hui, il vit reclus en amont de la rivière, dans une petite cabane. Il est pas exactement du genre sociable, et il se plaint toujours d'avoir des rhumatismes. Bah faut dire aussi que ça fait 30 ans qu'il patauge dans la rivière... ».
Le shérif tira une bouffée de son cigare et recracha un épais nuage de fumée. Le docteur regardait maintenant le bureau du shérif : « Il n'y a personne de permanence dans votre bureau ?
- Oh, c'est vraiment pas nécessaire. Comme je vous l'ai dit, c'est une ville plutôt calme, et tout le monde se connait. J'ai personne à mettre dans les cellules, et puis si jamais quelqu'un a un problème, tout le monde sait où me trouver. Oui, c'est bien calme ici... D'ailleurs, cela ne vous manque pas l'animation de la ville ?
- C'est peut-être ce que nous cherchions à fuir. J'ai rencontré Abigail il y a 6 ans, nous nous sommes mariés, puis Judy est née rapidement. Nous étions heureux tous les trois, mais la situation à New York n'était pas des plus roses. Chaque soir, nous apprenions qu'un voisin avait été assassiné. En allant chercher un télégramme un jour, j'ai vu votre annonce. Elle avait quelques années et n'étais probablement plus valable, mais c'est exactement ce que je recherchais : une ville calme au milieu de nulle part. J'ai tenté ma chance, et j'ai été très surpris d'avoir une réponse le lendemain, qui plus est positive. J'en ai parlé à Abigail, elle était aux anges. Donc nous avons cherché un moyen de nous rendre ici, et nous avons entendu qu'une caravane de chercheurs d'or allait partir d'ici quelques jours. Nous nous sommes joints à eux.
- Finalement votre histoire ressemble à la mienne. Après la mort de mon fils, je voulais fuir le monde, me retirer dans un coin calme et tranquille. Le maire de la ville était un bon ami, et lorsqu'il appris dans quelle situation j'étais, il me proposa le poste.
Est-ce lui qui a fondé la ville ?
- Oui, il y a presque 20 ans maintenant. Et le vieux Nick était déjà dans sa rivière jusqu'aux genoux... Il voulait créer un endroit où tout le monde pourrait vivre en paix. Mais regardez cette rue. ».
La rue était vide, bercée par le son d'une légère brise. Elle était simplement éclairée par les fenêtres lumineuses des habitations. Les étoiles brillaient intensément à travers un ciel sans nuages. « Cette ville ne porte t'elle pas bien son nom ? ». Le docteur eut un sourire approbateur, puis repris la discussion : « Vous aviez l'air gêné tout-à-l'heure en parlant de mon prédécesseur. Que lui est-il arrivé exactement ?
- Le docteur Healther avait un léger penchant pour l'alcool. Il jouait beaucoup aussi. Et il trichait... Un jour il s'est fait prendre. Il a été exclu de la ville comme un malpropre. Il est parti tout penaud sur son cheval, couvert de plumes. Vous auriez dû voir la scène, c'était à mourir de rire.
- Et c'est ça qui vous a empêché d'en parler ?
Bah, avant de partir, il a dit qu'il reviendrait se venger. Bah, il était certainement énervé et de toute façon, il puait tellement l'alcool qu'on ne sentait même pas le goudron qui le recouvrait. Mais il a eu des propos assez violents, notamment envers un éventuel successeur. Certainement des paroles en l'air, mais je voulais pas inquiéter votre petite famille.
- Je comprends.
- Mais ne vous en faites pas, je serai là pour vous protéger, si toutefois il osait remettre un pied ici.
- Merci shérif. Il se fait tard maintenant, je vais rentrer.
- Ah, au fait, le maire a prévu un pot d'honneur pour votre arrivée, demain, vers 4 heures, à la mairie. Ce sera pour vous l'occasion de rencontrer tous les officiels et les autres habitants de la ville.
- Ah ? Très bien. Dans ce cas, à demain, shérif.
- A demain, et rentrez bien. »
Et le docteur quitta le shérif, remontant l'avenue, pour arriver jusqu'à son domicile.
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