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 La mort est mon quotidien

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neodeus

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MessageSujet: La mort est mon quotidien   La mort est mon quotidien Icon_minitimeLun 18 Mai - 19:27

Le soleil tapait fort ce jour là. Je m'éloignais du village, mon âne trainant difficilement une charrette presque vide, ne contenant qu'une pelle, un peu de ficelle, et deux petites planches de bois. Quelques heures plus tôt, Nadge m'avais donné rendez-vous à quelques kilomètres au sud de la ville. Elle n'y serait pas. Je savais ce que ces « rendez-vous » signifiaient. C'est comme ça qu'elle règle la plupart des conflits. Elle s'éloigne du village, afin de ne pas impliquer les autres habitants. Et des rendez-vous comme celui là, j'en ai déjà eu un bon nombre. Au fil du temps, Nadge s'est forgée une réputation de fer, qui dépasse les frontières. Grâce à cela, peu osent venir dans notre ville pour y semer le trouble, mais certains gaillards viennent juste pour l'affronter en duel. Une femme shérif, ce n'est pas chose courante dans l'ouest, et la simple existence de l'une d'entre elles suffit à titiller l'orgueil de ces messieurs, au point de risquer leur vie pour le satisfaire.

Je pouvais maintenant apercevoir au loin le vol des vautours, décrivant de larges cercles sur la voûte céleste, qui m'indiquait que j'approchais lentement de ma destination. Une petite heure plus tard j'atteignais enfin le point de notre supposée rencontre. Et comme je m'y attendais, notre shérif n'y était pas. A la place, une masse noire croassait désagréablement. Je sortis mon colt et tira deux coups, faisant ainsi fuir la masse de volatiles qui restait cependant à planer lugubrement au dessus de ma tête. Qu'est-ce que Nadge m'avait laissé aujourd'hui ? Un homme, d'une trentaine d'années. Une barbe de plusieurs jours. Son torse était maintenant lacéré par les coups de becs des charognards. Ses deux mains étaient appuyées contre son cœur, entourées d'une auréole de sang, ce qui me laissait deviner facilement où Nadge avait fait mouche cette fois ci. Le corps était déjà raide, donc je ne pouvais bouger les mains. Je le retourna donc et vis un peu en dessous de son omoplate gauche un petit trou. Les balles de Marine sont vraiment les meilleures...

Je remis le corps dans sa position initiale, et m'attarda un peu plus longtemps sur son visage. Sa dernière expression était semblable à celle de tous les autres : un mélange de crainte et d'angoisse, mais aussi de doute, comme s'il avait vu un ange qui l'aurait emporté dans son autre vie. Nadge a encore sourit... Rare sont ceux qui ont vu le sourire de Nadge, et plus encore ceux toujours vivant pour le décrire. Jadis, c'était une enfant calme, qui souriait souvent. Nous jouions souvent ensemble à l'école. Elle voulait devenir institutrice. Sa vie bascula un triste jour qu'elle vous racontera peut-être, et depuis elle ne sourit plus qu'à ses victimes. Mes yeux se posèrent maintenant sur les hanches du corps gisant sur le sol. Le révolver était encore dans son étuis. L'infortuné n'avait pas eu le temps de dégainer. Il n'avait vraiment aucune chance...

Je saisis le cadavre par les pieds, et le traina jusqu'à la charrette où je le hissa avec beaucoup de peine. « Désolée, Requiem, mais je suis obligée de te charger un peu plus ». L'âne me répondit par un braiment plaintif, avant de se remettre en route. Il connaissait sa destination que trop bien... Nous marchâmes quelques heures de plus, avant d'arriver à une barrière rocheuse. À un endroit, la roche se sépare sur quelques mètres, ouvrant ainsi un accès à une cavité à ciel ouvert. En pénétrant dans cette cavité, on peut voit une multitude de petits tas de terre, ornés de croix basiques, faites simplement avec deux planches et un peu de ficelle. Sur chacune des croix, une seule information : la date de décès de celui qui repose sous le monticule, gravée rapidement au couteau. Pas de nom, pas de passé. Mais de toute façon, ce sont des informations que je n'ai pas. Ni le nom de l'exécuteur, puisque c'est toujours le même. Peu de citoyens connaissent l'existence de ce cimetière de fortune, caché des regards trop curieux, loin de la cité. Ils pensent que notre ville est paisible, qu'en serait-il s'ils voyaient tous ces symboles de mort jonchant le sol ?

J'attrapai ma pelle et me mis à la recherche d'un coin suffisamment large pour accueillir un pensionnaire de plus, tâche de plus en plus difficile vu la productivité de notre shérif. Quand enfin j'en trouvai un, je me mis à creuser, encore et encore, jusqu'à ce que le trou soit suffisamment profond. Puis je jetai la pelle dans la carriole et tira le corps sans vie jusqu'à ce qui sera sa dernière demeure. Je procédai à une dernière fouille de routine : vérifier qu'il n'ait rien d'important sur lui, car une fois enterré, il sera impossible de retrouver son corps, dévoré par les vers d'ici quelques mois. Juste un trousseau de clefs, que je ramènerai à Nadge tout-à-l'heure. Je déboucla également la ceinture avec le révolver, que j'échangerai à Marine contre les quelques pièces qu'elle voudra bien me céder sans poser de questions, comme toujours, ce qui sera ma seule rémunération pour ce travail ingrat, comme toujours.

Le crépuscule tombe maintenant sur la vallée. « Messieurs, préparez-vous à accueillir un nouveau résident ! » dis-je en poussant le corps au fond du trou, sans autre forme. Je façonne mes cercueils dans les bois les plus précieux, rembourrés avec la soie la plus fine, mais ceux qui meurent de la sortent n'ont même pas le droit à une simple caisse en bois. « C'est le 137è. Je me demande où on mettra les suivants... ». Je rebouchai le trou, retirai mes gants usés depuis bien longtemps, pris l'une des planches, sortit mon couteau et grava la date du jour : 18 mai 1883, avant de la ficeler à l'autre, et de planter le tout sur le monticule de terre. Après une rapide prière, je montai dans la charrette et donna un coup de lanière sur le flanc de l'âne qui se mit en route. Nous retournions finalement à la ville.

Une journée de plus se finissait, comme tant d'autres. Et ce soir, comme tous les soirs, je vais m'endormir en espérant qu'un jour n'arrive jamais : le jour où ce ne sera pas un inconnu barbu que je devrais ramener...
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